Futur du livre, et passé du web

Blogueurs, n’arrêtez jamais ! Moins vous publiez, plus il est difficile de le faire. Après plusieurs semaines d’interruption, me voici bêtement intimidée devant mon interface WordPress, comme quelqu’un qui, dans un dîner, aimerait prendre part à la conversation sans y parvenir : plus il tarde à s’y lancer, plus cette participation acquiert de l’importance à ses yeux, et tandis que les autres convives bavardent joyeusement sans arrières-pensées, il paufine mentalement son propos à l’infini, cherche désespérément le meilleur moment pour se lancer, et plus le temps passe, plus son inhibition augmente. Il est donc temps de se tourner vers ce malheureux, de remplir son verre, et de lui poser la question : alors, et toi, quoi de neuf ?

Quoi de neuf ?

Retour à New York, malheureusement sans la Dream Team, la valeureuse équipe avec laquelle j’avais participé l’an dernier à un voyage d’études du programme Courants, voyage blogué pratiquement au jour le jour (comme j’aimerais retrouver ce rythme !).

Séjour plus court cette fois-ci, à l’occasion de la conférence Digital Book World, qui commence demain soir. Pourquoi cette conférence et pas le TOC d’O’Reilly en février ? Mike Shatzkin, l’un des co-organisateurs de la conférence DBW explique comment il voit la différence entre les deux événements :

« Tools of Change explore les développements technologiques qui ont un impact ou pourront en avoir un sur l’édition (en général) et aide les éditeurs (de toutes sortes) à les comprendre et à les appliquer. Digital Book World explore les défis économiques que le numérique adresse aux éditeurs « trade » (les éditeurs qui travaillent en priorité avec le réseau des revendeurs ) et les aide à les relever. Si j’organisais Tools of Change je scruterais l’horizon pour détecter les technologies susceptibles d’avoir un impact sur l’édition et poserais la question « comment ? ». Mais comme j’organise Digital Book World j’observe l’impact de la technologie sur l’environnement et les opérations commerciales de l’édition , et je me demande « que devrions-nous faire » ? »

Bien sûr, j’aimerais bien assister aux deux conférences, mais il a fallu choisir, et cette année c’est DBW qui l’a emporté.

Je n’ai aucune chance de croiser là ni Evan Schnittman, ni Bob Stein rencontrés l’an dernier : ils participent  à l’édition 2011 de l’échange Franco-Américain qui nous avait permis de les rencontrer l’an dernier, et seront à Paris cette semaine.

Quoi de neuf par ailleurs ?

Une nouvelle version de l’Internet Wayback Machine, ce formidable service proposé par l’Internet Archive, qui permet de remonter dans le temps du web. Tapez l’adresse d’un site, et vous pourrez accéder à l’ensemble des versions qui en ont été archivées au fil des années. C’est intéressant pour observer l’évolution des sites en matière de design, mais c’est aussi un moyen, en recherchant des URL de titres de presse par exemple, de remonter le temps de l’actualité… mais pas beaucoup plus loin que 1995 ou 96 pour la plupart des titres… Un axe supplémentaire ajoutée à la sérendipité, et aussi un travail de préservation indispensable. La nouvelle version est très ergonomique? J’ai toujours été fascinée par les trouvailles de design fonctionnel en matière d’exposition de données chronologiques, les « time line »..

Conférence autour du futur du livre, et voyage dans le passé du web, voilà qui va bien accompagner la lecture que je viens de commencer du dernier livre de Robert Darnton ; « Apologie du livre, demain, aujourd’hui, hier ». Je lui laisse la parole pour terminer, avec cet extrait d’une intervention sur France Culture au début du mois.


Les Matins – Robert Darnton

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4 réponses à Futur du livre, et passé du web

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  2. Lorenzo Soccavo dit :

    Oui, nous sommes sans doute nombreux qui aimerions vous lire plus souvent Virginie.
    Pour ce qui est du Darnton je l’ai lu la semaine passée et, personnellement, je suis très déçu (propos et style très américano centrés, voire à la limite égocentriques), je suis moi aussi très pris mais j’espère trouver un moment cette semaine pour en mettre en ligne une critique.
    Il n’y a pas que les USA au monde et avec ce qui se joue actuellement dans le passage de l’édition imprimée à l’édition numérique, Gallimard pourrait certainement trouver mieux pour l’information de ses lecteurs !
    Je pense vraiment qu’en toute objectivité la compilation de textes de réflexion que vient de sortir François Bon (chez Publie.net) sous le titre « Après le livre » est d’une pertinence et d’un intérêt bien supérieurs ! et si je peux me permettre à lire en priorité :-)

  3. Lorenzo Soccavo dit :

    @Virginie : oh je n’avais aucunement l’idée de vous dissuader de cette lecture (je ne cherche jamais d’ailleurs j’espère à dissuader de lire ;-) je suis déçu simplement car j’attendais plus, pour ma part, de cette lecture.
    Certes, il y a en effet des percées lumineuses qui nous renvoient à Febvre et Martin, et que Darnton met dans une perspective intéressante, mais le fait qu’il ne s’agisse pas véritablement d’un essai pensé et construit en tant que tel, mais d’un amalgame de textes antérieurement publiés dans la New York Review of Books, est, je trouve, dommageable.
    Je trouve aussi qu’il parle beaucoup de lui, de son parcours, des travaux qu’il a menés par rapport aux bibliothèques universitaires américaines et qui ne sont pas forcément en résonnance avec un contexte francophone ou la situation des bibliothèques et des universités françaises, pour ce que je peux en savoir.
    C’est ce point de vue que je trouve « américano centré », et le choix éditorial de Gallimard qui m’interroge. Qui va acheter et lire ce livre, qui va y comprendre quelque chose et surtout quoi ?
    Nous avons des historiens du livre, je pense à Frédéric Barbier entre autres… Enfin… bonne lecture :-)

  4. Aldus dit :

    Excellent livre que j’ai beaucoup aimé, Virginie! Cela fait du bien que des hommes du livre parlent comme cela, élève enfin un peu le débat!

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