Un intéressant article de Danah Boyd (étudiante PhD à la School of Information à Berkeley) défend la thèse d’une répartition des jeunes américains entre les réseaux sociaux MySpace et Facebook, qui regrouperaient chacun deux classes sociales bien distinctes. Pour résumer, sur Facebook les WASP, surdiplômés et que les entreprises vont s’arracher. Sur MySpace les autres. Je cite :
« MySpace is still home for Latino/Hispanic teens, immigrant teens, « burnouts, » « alternative kids, » « art fags, » punks, emos, goths, gangstas, queer kids, and other kids who didn’t play into the dominant high school popularity paradigm. These are kids whose parents didn’t go to college, who are expected to get a job when they finish high school. These are the teens who plan to go into the military immediately after schools. Teens who are really into music or in a band are also on MySpace. MySpace has most of the kids who are socially ostracized at school because they are geeks, freaks, or queers. »
Pour ne pas avoir de l’article une image caricaturale, il faut replacer ce propos dans son contexte, bien plus nuancé : l’article in extenso
Dans l’article, Danah revient sur la définition du terme de classe sociale. Les différences entre ces jeunes ne se réduisent pas au niveau de revenu de leurs parents. Les deux réseaux mettent en évidence des différences d’habitus : goûts, préférences, références, valeurs, représentations.
(via Internet Actu)
Merci, c’est un texte vraiment très intéressant.
« hegemonic » vs. « subaltern »
Intéressant de voir utiliser ces termes en fonction de l’esthétique de sites et de son utilisation comme critère de rassemblement de communautés rien moins que virtuelles du point de vue socio-économique, jusqu’à la politique de recrutement de l’armée américaine!
(Cf. les remarques de Danah Boyd Class divisions in military use.)
Pour une analyse de la notion de « subaltern », en français, lire l’article de Jacques Pouchepadass, Les Subaltern studies ou la critique postcoloniale de la modernité.
FaceBook ou MySpace, ou un nouvel outil d’identification rapide de la capacité du candidat à rejoindre les élites pour les « entretiens » de recrutement en « filière d’excellence » ou à l’ANPE ?
Pour ma part (j’en parlais il y a quelques jours avec un ami designer), c’est essentiellement une question esthetique aussi.
Myspace a fait le choix de la personnalisation: chacun met son image de fond, peut choisir ses couleurs etc… Le succès de Myspace s’explique en grande partie par cela, et en terme de design on retrouve quelque chose de l’antique page perso (pour ceux qui connaissent la préhistoire du Web).
Facebook c’est plutot la philosophie Google. Minimaliste et clair, mais très peu personnalisable à côté pour le design (les applications Facebook ont eu un grand succès mais certains anciens du site ont critiqué cette initiative en y voyant une Myspace-isation de Facebook).
D’un côté donc on a un réseau social qui a quelque chose de proche d’une grande place publique, d’un marché ou de la tradition de l’art de rue avec ses graffitis (le « thanx for the add » est une forme de graffiti, on marque sa présence par un signe).
De l’autre on a un espace plus fermé (beaucoup d’options relatives à la vie privée), et fixe en terme de design où on retrouve des connaissances. Même l’ouverture de Facebook est plus stricte: on ajoute des services, mais on ne dénature pas le design, et on ne pousse pas à sortir trop de sa sphère.
Le découpage sociologique (je pense qu’avec le boom de Facebook il commence à diminuer) est une conséquence de ces choix. Selon le rapport des uns et des autres à une idée de société virtuelle, on va se sentir plus attiré par Myspace ou Facebook.
Pour ma part je sais que le facteur « vie privée » de Facebook est très attirant, et vu que je suis un scientifique, la philosophie de service externalisé et d’API universelle est aussi un très grand point fort de Facebook.
Néanmoins, le joyeux bordel de Myspace a aussi son utilité quelque part, entre autre auprès des artistes (Myspace a été porté pas la musique et quand je vois des artistes « à la mode » comme M.I.A. avec son graphisme très 80’s ou toute la scène emo qui s’est appuyée sur l’omniprésence d’une mèche barrant le visage des membres de cette communauté, on peut comprendre l’impact de ce type de communauté).