Dans cet article, Sébastien Hache, l’initiateur du manuel Sesamath, parle de la conception de cet ouvrage, qui s’est appuyée sur les usages des enseignants : comment ils utilisent les TICE dans la préparation de leurs cours et dans la classe, comment un établissement choisit un manuel scolaire.
Continuité papier – numérique
Le concept hybride « papier – numérique », on pourrait parler aussi de « multisupport », permet de bénéficier des avantages des deux supports : simplicité et agrément de la consultation sur papier, possibilité de mise à jour et d’adjonction de contenu, dématérialisation permettant la manipulation des données avec le numérique. Sébastien Hache met l’accent sur l’articulation entre les deux, qui me semble essentielle : soit un manuel papier contenant des liens hypertextes vers des activités ou des contenus complémentaires, la possibilité d’accéder à une version numérique de l’ouvrage papier permet d' »actionner » ces liens de façon contextuelle.
Le modèle lecture / écriture
Le Web fourmille aujourd’hui d’application permettant non plus seulement la consultation, mais aussi, et de manière de plus en plus diversifiée, l’écriture et la publication. Cette proximité nouvelle entre la lecture, l’écriture et la publication peut être certainement très largement exploitée pour l’enseignement, comme en témoignent les expériences (blogs, ePortfolios) menées par Mario Asselin au Québec.
L’exploration d’une continuité entre la lecture, l’écriture et l’apprentissage me parait très intéressante.
Elle a probablement commencé avec la suggestion faite aux élèves de prendre des notes pendant leur cours, éventuellement de les remettre en forme après le cours…
Elle peut surement prendre des formes nouvelles dans les environnements numériques.
Effectivement. Jusqu’à une date récente, écrire, pour un élève, c’était soit prendre des notes, (noter la parole de l’enseignant), soit rédiger un exercice (entraînement) ou un devoir (évaluation), c’est à dire dans les deux cas restituer cette parole de l’enseignant, ou prouver qu’elle a été comprise. La pratique de la dissertation, en lettres ou en philosophie, permettait une appropriation plus poussée de l’écriture, selon des règles strictes nécessitant cependant une compréhension allant au delà d’une simple mémoirisation des règles, une véritable appropriation de celles-ci, au service de l’exercice de la pensée.
D’ autres pratiques de l’écriture restaient minoritaires, exceptionnelles : préparation d’un exposé, rédaction d’un journal scolaire, correspondance avec d’autres classes…
Avec les nouvelles technologies, s’ouvre pour les élèves un espace de publication qui permet l’apparition d’écrits d’un nouveau type. L’écriture s’y mêle avec la manipulation de l’audio-visuel (musique, graphisme, photographie, vidéo). Et la numérisation du texte en modifie l’usage : c’est la possibilité des repentirs, la disparition des ratures (mais pas des fautes… enfin, pas de toutes les fautes), la possibilité du copier-coller, qui permet le plagiat mais facilite la citation, et conduit au « remix », au « mashup », à des écritures collectives…
Pas de ratures…
Le numérique tend à renvoyer le brouillon aux oubliettes. Il disparait parce qu’on n’en garde généralement pas la trace et on ne peut pas reconstituer le chemin vers le document final. Il disparait parce que les outils habituels ne permettent pas d’avoir l’apparence, la fluidité, le côté ‘brouillon’ du brouillon. Tout apparait trop vite fini.
Faut-il réhabiliter le brouillon?