HarperStudio, une maison d’édition du groupe Harper Collins, a besoin d’un site web. Réunion. Questions. Quel site web voulons-nous ? Faut-il vraiment dépenser des dizaines de milliers de dollars ? Quel sera le retour sur investissement ? Écoutons Debbie Stier, éditeur associée :
« Nous avons eu une discussion au 26ème étage sur le type de présence web dont nous avions besoin pour que notre activité d’édition soit un succès.
Étant donné que nous avons prévu d’importantes campagnes de web marketing pour chacun de nos ouvrages, nous avons besoin d’un beau site web, non ?
En essayant de nous représenter l’étape suivante, nous avons démarré ce blog, www.26thstory.com… pour environ 15 $ par mois. C’est artisanal, sans fioritures… mais cela permet de montrer des vidéos et des photos, de poser des qestions et d’accueillir des commentaires, et il possède des pages auteur vibrantes, vivantes, comme celles de Emeril et Joann Davis, et nous en aurons une pour chaque auteur que nous signerons.
Ce qui ma conduit à demander : Pourquoi avons-nous « besoin » d’un site web ? Nous avons scruté des propositions de centaines de milliers de dollars, et je ne suis toujours pas très au clair sur ce qui peut justifier une telle somme. Je comprends bien sûr la différence entre les fonctionnalités, simplement, je ne vois pas le retour sur investissement.
Presque chaque personne ayant une opinion sur la question qui me préoccupe hautement dit que oui, nous avons besoin d’un site web. Et cependant personne ne semble capable d’expliquer « POURQUOI » d’une manière qui fasse sens pour moi.
Alors je vous pose la question, à VOUS. .. Que gagnerons à avoir un site web, à part y engouffrer des centaines de milliers de dollars ? »
On peut lire ici les commentaires, et voici la conclusion de Debbie Stier :
Vos commentaires sur ma question étaient passionnants. J’ai lu et utilisé chacun d’entre eux. Résultat : nous avons décidé d’oublier le site web coûteux, et de plutôt utiliser un site WordPress. Nous avons trouvé un développeur nommé Steffen Rasile, du SRA Design Studio à Helena, Montana, pour s’occuper de la partie technique. Amitiés à Steffen. C’était génial de travailler ave lui.
La réalisation complète nous a coûté 10 000 $. C’est simple à mettre à jour par chacun d’entre nous et par les auteurs. Nous espérons que ce sera un lieu agréable. C’est un « work in progress ».
Et vous, si un éditeur vous posait la même question, que répondriez-vous ? Que pensez-vous du site d’Harper Studio ?
Complètement d’accord, Virginie, nous en parlions avec François, des sites français, des vrais usines à gaz qui ont couté beaucoup d’argent, pas de fils rss, pas de possibilités pour les gens d’intervenir en interne, c’est affligeant. Je sais que certains gros éditeurs sont en train de refaire leurs sites, je frémis sur le retour sur investissement en effet. Toujours cette idée qu’il faut arranger la vitrine, que le web est un trottoir roulant, c’est encore Zola et le Bonheur des Dames, alors que le web investit tout, on rentre par les portes et les fenêtres, la vitrine c’est complètement accessoire!
quelques réponses chez nous, voir au Seuil site Fiction & Cie
http://www.fictionetcie.com/
et la réalisation sur marché public du 104
http://www.104.fr
aucun des 2 n’a de flux rss, au Seuil on ne peut même pas faire de lien vers tel ou tel bouquin, sans parler des temps d’attente moulinette flash, et au 104 je sais même pas s’ils ont accès à leur blog…
toujours l’impression qu’au lieu d’écouter ou dialoguer avec ceux qui ont un minimum de pratique de ces rédactionnels, ou même des enjeux de travail lors du passage web2, ils s’en remettent à ces solutions très chic et fermées, non par mauvaise volonté, mais par manque de pratique qui leur fait ignorer les points essentiels
encore récente discussion récemment avec éditeur, et non des moindres : « allez voir dans les ordinateurs… », il y a masse de contenu tout prêt, le vrai, celui qu’on utilise tous les jours, dans leurs propres services des éditeurs suivant tel bouquin, ou de leurs propres services de presse, ressources qui sont déjà disponibles et ne demanderaient même pas supplément de travail, sauf le saut apparemment infranchissable de la confiance…
alors moi non plus, je ne critique pas, plutôt que j’ai établi ma tente dans un autre camping à distance… mais quel gâchis, alors que toutes ces questions-là ont 4 à 5 ans d’âge – plutôt l’impression que ces 6 derniers mois on est entré dans nouvelle configuration, qui pourrait se révéler tout aussi légitime et générative : les éditeurs qui disent et montrent, massivement, leur volonté à s’ancrer ailleurs que dans le web, et le web qui devient progressivement sa propre finalité sans se préoccuper du livre – les 2 écosystèmes peuvent très bien cohabiter dans de bonnes relations, sauf qu’on n’ira plus se préoccuper de relayer ou compenser le malaise qui frappe aussi la médiation, côté presse littéraire
le souci étant la recomposition interne à quoi ça conduit le monde édition, dans un peu toutes ces composantes, logique de choix et de diffusion où les auteurs moyen tirage sont massivement laissés pour compte (les lieux de création plus radicale, POL, Verticales et quelques autres habitués des détroits, passent mieux)
désolé, je suis de grognerie ce matin
au fait, 10 000 $ pour gestion d’un wordpress, je prends ! (en plus, se sont pas foulés…)
Je regarde les laboratoires qui existent aussi en France, je pense à LéoScheer, Edilarge… Et je ne vois malheureusement pas beaucoup de relais du côté de notre petite communauté de blogeurs. Je me demande pourquoi il est tellement de bon ton de chercher toujours sur ce qui se passe outre-atlantique. J’aimerais bien que l’on me parle de sites allemands, espagnols, italiens… C’est tellement le vide que cela en Europe? Bon allez, je vais regarder en détail le laboratoire HarperStudio.
@F @Virginie
Bien d’accord, le problème n’est pas dans l’adoption de tel ou tel modèle technologique et dans l’achat d’une prestation, mais dans l’instauration d’une pratique et d’une confiance interne:
oser parler publiquement de son métier, de ses goûts, de son rôle dans la vie de l’édition, et, du point de vue de la direction, autoriser cette ouverture, perdre le contrôle de la hiérarchie de l’Editeur et des attachés de presse seuls habilités à communiquer
Toute une culture interne à faire/laisser bouger!
symbolique parfaite : arrivé à Toulouse, gare puis métro, et arrêt 20 minutes au Mac’Do avant d’aller à Ombres Blanches dont je suis très fier d’être l’invité, mais même des 2 côtés de la place du Capitole ces mondes ne se rencontrent plus, et Internet trop passionnant pour que désormais je ne considère pas ce qui s’y passe, littérature comprise, comme mon champ principal, d’être et agir – et la tente ira se planter l’an prochain sur les bords du St Laurent pour raisons parallèles – le livre va bien et nous demande rien, c’est de plus en plus réciproque et ça ne m’empêche pas d’avoir Deleuze dans mon sac (racheté neuf pour le relire) à côté de la Sony toute configurée pour ma perf de ce soir
A chacun de faire comme ce peut. Qu’importe la qualité ou la complexité du développement, il y a plein de manières aujourd’hui d’être présent en ligne, sur son propre site, ou actif au sein d’autres plateformes. L’essentiel n’est pas d’avoir un site, mais d’avoir une présence sur l’internet, c’est-à-dire un endroit où vous trouver, ou vous joindre et surtout où vous montrez votre activité. Cet endroit peut prendre de multiples formes (twitter, blog, site social, site de lecture partagé), qu’importe, il est juste nécessaire qu’elles soient lisibles et accessibles de l’extérieur, afin que ceux qui souhaitent des renseignements sur vous, qui souhaitent accéder à ce que vous faites puisse y parvenir.
Ensuite, il faut juste de la cohérence et éviter d’avoir des parcours trop complexes. Nul n’a besoin d’un « site » web, mais nous avons tous besoin d’une présence en ligne, d’une présence référencée dans les moteurs de recherche et d’une présence active (ou qui ait une activité) car c’est elle qui est le moteur du web. Que ce soit une présence d’une marque ou d’une personne pour l’incarner, qu’importe. L’important est d’être accessible au milliard de personnes qui peuvent utiliser ce média.
@V : et donc à condition de se fiche à l’eau! et c’est chouette de barboter ensemble, justement c’est ce qui manque à l’univers laissé en arrière – mais quand même, y a-t-il autre discipline pour laquelle ce soit proportionnellement si peu ? @H : nombreux auteurs sur face book, fait d’ailleurs nouveau, mais face book si ce n’est pas associé à un blog (notamment si blog répertorié sur la page FB via blog network ou autre) est-ce que c’est la même chose ?
par exemple, question plus large, depuis 5 ou 6 mois je suis pas mal les blogs d’auteurs US (très souvent des blogger.com), le modèle le plus communément accepté c’est le blog auteur comme relais de diffusion livre via lien amazon partenaire – du coup, on signifie : la créativité est dans le livre, et moi-même, l’auteur, je me contente d’en produire la médiation…
il me semble que le hasard a fait qu’en France(+Suisse /Belgique) on se trouve sur configuration très différente – y compris, en repensant à certains billets Hubert sur les modèles économiques, appui sur la gratuité de contenu radicalement créatif du blog
@François : Je ne sais pas si les différences de médiation passant par les auteurs se découpe entre US/Europe. J’ai plutôt l’impression que ce découpage entre présence marketing et présence plus profonde n’est pas liée à cela, mais à une intégration, une compréhension, ou un besoin d’outil différent (pensons notamment aux auteurs de SF américains). Je pense aussi, qu’il reflète une certaine « qualité » de l’oeuvre ou de l’auteur. Les auteurs marketés ayant tendance à se faire uniquement relais de diffusion par rapport à des auteurs pour qui la littérature a un sens plus profond, qui ont souvent besoin d’exprimer d’autres choses d’eux en ligne. C’est un peu schématique également, mais on pourrait presque dire : pour Marc Lévy, les sites vitrines et les opérations marketing, pour FB, les blogs fleuves et les correlations avec l’oeuvre. ;-)
@H : en tout cas ça mérite d’y aller voir de plus près – en accord avec toi globalement, mais situation différente ici parce que, même avec montée en pression d’amazon de + en + impressionnante (ils doivent être à 4 ou 5% du marché), ça n’a rien touché à la diversité de diffusion matérielle, tandis qu’aux US la déconfiture librairie fait d’eux le provider unique, et donc interfère avec le rapport auteur/éditeur – mais je ne parlais pas des « auteurs marketés » (je connaissais pas le concept :-) !), mais plutôt de ceux qui nous ressemblent… en avais repéré quelques-uns ici : http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article1274 – et que la vie soit un long blog tranquille pour tout le monde (la Loire, en bas de ma rue, est plutôt haute et agitée, comme la rue cet aprem!)
Signalons dans la continuité cet article du New York Times repéré par if:books (qui commente) qui se demande si les sites web de bouquins aident à vendre des livres.
Pour ma part, quand je peux trouver un site qui me renseigne sur le contenu d’un livre par des extraits, le sommaire, l’intro, la conclusion, des articles de presse, du matériel relatif (articles de recherche, interviews…), ça m’incite à regarder de plus près à puiser dans cette matière (sans compter que j’en ai besoin). Mais j’avoue que ce qui me fait le plus acheter un livre c’est une critique de quelqu’un que je connais et avec lequel j’ai quelques goûts communs.
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