Nos livres en version numérique ? Bien sûr, ils existent déjà. Depuis des années, la chaîne de production des livres s’est informatisée : le manuscrit, déjà, est fourni à l’éditeur sous la forme d’un fichier, le plus souvent un fichier Word. Le fichier est transmis à la PAO, qui va se charger de sa mise en page, à l’aide d’un logiciel dédié, généralement XPress ou Indesign. Une fois terminées les corrections, on adresse à l’imprimeur un fichier PDF, dit le « PDF imprimeur ». Nos livres sont donc bien prêts pour le numérique, pas de doute… Sauf que…
Sauf que le fichier destiné à imprimeur a été conçu pour un usage précis, l’impression d’un livre à un format donné. Le numérique, aime-t-on penser, arrache le texte à la page, le rend indépendant de son support. Sauf que… un fichier destiné à l’impression « re-soude » le texte à la page, en mélangeant des informations de contenu et des informations de mise en forme. (L’indépendance contenu/mise en forme est d’ailleurs discutable, car la mise en forme véhicule un sens, qui ne se distingue pas forcément si facilement du « sens du contenu » mais interfère largement avec… mais cette indépendance est techniquement réalisable.)
Décidez de produire une version numérique de vos ouvrages, destinée non pas à l’impression mais à la lecture sur liseuse, sur PDA ou sur iPhone. Ne croyez pas qu’il suffira de mettre la main sur le fichier imprimeur à jour (ce qui d’ailleurs n’est pas toujours une mince affaire : qui l’a archivé, est-il resté chez vous, est-il chez l’imprimeur, êtes-vous sûr qu’il s’agit bien de la dernière version ?) puis de le passer dans une quelconque moulinette pour le mettre dans un format lisible par tous les outils de lecture actuellement disponible. Outre qu’il vous faudra soit opter pour un format lisible sur certaines machines et pas sur d’autres, soit créer différentes versions de votre fichier, il faudra également adapter le fichier aux caractéristiques des différents terminaux de lecture auxquels vous le destinez.
Ce qu’un lecteur peut espérer ? Au minimum, une qualité de mise en page qui respecte les césures, puisse afficher différentes polices de caractères, permette de faire varier la taille de la police au gré de son confort de lecture. Il apprécierait également de retrouver sur son livre numérique des caractéristiques auxquelles il s’attend s’il est familier des lectures électroniques : un sommaire interactif, la possibilité de poser des signets, celle de mémoriser la dernière page consultée…
Constance Krebs encourage les éditeurs à intégrer de nouvelles compétences dans leurs équipes :
L’édition en ligne a besoin d’un plus. Elle a des informaticiens, des webmestres, des stagiaires, des belles machines. Mais il lui manque l’essentiel, ce qui met en valeur tout l’intérêt du livre à ce jour. L’édition en ligne a besoin d’éditeurs capables d’adapter les textes aux supports numériques (XML doit être bien structuré, d’accord, mais c’est quoi une DTD, un Docbook corrects?), comme on adapte les livres au support de l’écran pour en faire des films.
Mais la généralisation d’une démarche basée sur la structuration XML ne fait pas l’unanimité. Les quelques campagnes de « XMLisation » entamées à grands frais il y a quelques années ont laissé à quelques uns des souvenirs amers.
Un intéressant débat a eu lieu en janvier sur La Feuille à propos de ces questions de formats.
Une chose est certaine : même si l’on s’en tient au format PDF, bien connu des éditeurs, le « destin numérique » des livres implique une adaptation des métiers. Comme le souligne Alain Pierrot dans la discussion sur La Feuille, il ne faut pas confondre un format et l’usage qui en est fait le plus souvent. Il est bien difficile, il est vrai, de distinguer ce qui relève du choix fait par le maquettiste et le metteur en page de ce qui est conditionné par le format lui même ou par le logiciel de lecture utilisé.
François Bon, qui est passé à l’action avec publie.net a bien du faire un choix (qu’il énonce dans cette même discussion) :
« alors, provisoirement, solution, pour les textes longs : lien qui permette accès à une boîte avec format PDF standard pour lecture ordi, format rtf pour naviguer, chercher, bricoler, étudier, format PDF CyBook + Mobipocket – c’est bâtard, mais pas si difficile que ça à réaliser. »
Pas eu encore le temps de tester autre chose que la version « PDF standard », très satisfaisante, de quelques uns des textes publiés, mais je compte bien le faire et en rendre compte ici. (Se souvenir que les textes proposés sur publie.net ne sont pas des « versions numériques » de textes précédemment imprimés, mais des textes publiés directement et exclusivement en version numérique.)
Editer des textes numériques, ce n’est pas seulement fournir des fichiers pour les PC, les liseuses ou les téléphones portables. C’est aussi, et Jean-Michel Salaün le rappelle aujourd’hui, tout un pan de l’édition qui bascule vers une logique de plate-forme, avec un accès payant à des contenus consultables en ligne, selon différents modèles. Les propos du président de Reed-Elsevier révèlent au passage les évolutions dans les savoir-faire que ces mutations impliquent :
« L’évolution vers un portefeuille plus cohérent nous donne l’occasion d’accélérer nos progrès dans la consolidation et la rationalisation de nos technologies, activités et supports du back-office. Ce faisant Reed-Elsevier devient une société mieux intégrée, économisant d’importants frais de structure. (..) »
« Rationalisation des technologies, activités, et supports du back-office ». Nous sommes loin du vocabulaire traditionnel de l’édition. Bien des changements en perspective, donc, dans les métiers comme dans les infrastructures.
@ Bruno : tant mieux, parce que jusqu’ici on nous traitait plutôt d’agités que d’agitateurs… moi ce qui me souffle, sur un dossier pareil, c’est comment les pouvoirs publics peuvent à ce point nous ignorer, aucune concertation, sans parler du moindre soutien – la représentation des auteurs et sites littérature l’an dernier à Livre 2010 est un bon exemple… et jusqu’à maintenant (une « commission » vient d’être installée), les aides CNL « numérique » pouvaient s’adresser à revue papier qui construisait un site ou numérisait ses archives, mais jamais à une revue en ligne
info qui n’a rien à voir, encore que: les stocks temps réel Ombres Blanches Toulouse (100 000 titres + vente en ligne), des 4 Arbres à Lettre Paris, plus Temps modernes à Orléans sont intégrés désormais à Place des Libraires – ça recoupe quand même discussion ici, puisque d’une part il se confirme que la minuscule équipe de titelive.com a réalisé de fait le « portail » sur lequel la corporation n’avait jamais réussi à s’entendre, et surtout que le projet principal de la même équipe c’est comment intégrer aux librairies les outils de diffusion et contenus numériques – je n’en reviens pas comment ça a pu se débloquer comme ça en 15 jours
Juste pour vous signaler que l’Asfored organise le 18 mars à 16h au salon du livre une rencontre professionnelle sur le thème « passer au xml pour accompagner la mutation en cours » avec Bernard Prost, dg de Manasta. Je ne le connais pas mais j’ai suivi une formation à l’édition multisupport à l’Asfored l’année dernière tout à fait passionnante. Il devrait y avoir matière à poursuivre le débat!
@Bruno:
Je pense qu’on est très loin de standards « plus petits dénominateurs communs » imposés par des « électroniciens ». Tout d’abord à l’origine de ce type d’initiative il y a de très nombreux acteurs de l’industrie du livre, et pas seulement du monde informatique. Ensuite, les nouveaux standards, bien qu’imparfaits (je suis en première ligne pour le voir, il y a entre autre besoin d’une meilleure gestion des notes de bas de pages par exemple en EPUB), sont faits pour être étendus par la suite, supporter la DTD qu’on souhaite et pouvoir s’adapter à d’autres métiers (un support MathML par exemple pour les publications scientifiques).
Je ne travaille pas sur des gravures ou des tracés géométriques, donc je ne saurais pas dire quelles sont les problèmes auxquels Ganaxa peut se trouver confrontés Bruno, mais ce qui est certain, c’est qu’il y a très peu d’avenir pour des formats propriétaires comme le LRF.
Peut être que sur certaines fonctionnalités précises, certains formats propriétaires sont plus efficaces, mais le manque d’outils pour exploiter ces formats, de documentation appropriée et de support sur les lecteurs sont autant de points qui mènent ces formats vers une impasse.
L’adoption d’un standard est un point indispensable pour créer un véritable marché et simplifier la vie du lecteur, comme de ceux qui produisent les contenus. Si chacun reste avec son format propriétaire, alors on verra peut être quelques expérimentations intéressantes et originales, mais pas de véritable impact sur le marché du livre.
@Alain:
Très intéressant cette dissociation entre l’expression des droits et les mesures de protection.
Jusqu’à présent je n’ai vu que quelques métadonnées basiques afin d’exprimer les droits sur une oeuvre, et il serait intéressant de pousser cela plus loin.
@guillaume:
Pour les fichiers Mobipocket, c’est devenu aussi simple de faire sauter les protections DRM que sur les fichiers LIT et du côté des anglo-saxons je peux t’assurer qu’ils s’en donnent désormais à coeur joie. Pas forcément pour « pirater » des oeuvres d’ailleurs, mais par exemple les possesseurs de Kindle souhaitant lire leurs ouvrages sur un autre appareil et vice versa.
Je reste persuadé que les libraires peuvent tirer leur épingle du jeu en se recentrant sur leur véritable métier, qui est de conseiller, d’accompagner le lecteur dans une exploration littéraire.
Comme le disait Virgine à une autre occasion, une denrée rare de nos jours c’est notre temps. Si le contenu en devenant facile à reproduire perd de sa valeur aux yeux du plus grand monde, les services autour du livre eux vont à l’inverse prendre beaucoup plus de valeur.
entièrement d’accord, Hadrien, sur ce dernier point, en particulier ce qui concerne place et rôle des libraires – idem sur ma mini plate-forme publie.net constat de comment l’accompagnement du texte (cette référence au « service » peut être aussi principale que la disponibilité du texte lui-même) – à rapprocher d’article Internet’actu ce jour sur ce qui apparaît dans les « modèles économiques » du web 2.0, choses qui s’entrelacent, se complètent, sur des modèles très différents de la simple prestation de vente en ligne – par contre, lien à faire, comme rappelé, avec questions des « droits » – en tant qu’auteur, effectivement on peut faire valoir nos droits en cas de re-publication, radiodiffusion, lecture publique etc, mais j’en suis à considérer que n’est pas forcément gênant le fait qu’un fichier numérique ne puisse être considéré comme livre, ni comme oeuvre : nouveau modèle qui se profile, analogue à musique, où la présence sur Internet de nos textes nous permet éventuellement de gagner notre vie en tant qu’auteur, mais sur d’autres prestations que celles des droits : les articles, les émissions, les lectures, les adaptations que nous déclenchons par notre visibilité en ligne – qui n’est pas simplement se montrer, mais lieu d’engagement effectif dans la circulation des idées et l’intervention esthétique, si Ph Boisnard passe par ici il rebondira – et ce n’est pas que je promeus un tel modèle : juste, je constate sa propagation
@F
Il me semble que ta remarque sur la présence en ligne, «lieu d’engagement effectif dans la circulation des idées et l’intervention esthétique» implique un usage du web sensiblement différent d’un médium de publication, où la valeur est attachée à la publication elle-même, « œuvre » au sens large.
Les réticences des éditeurs à publier sur le web sont liées à la « destruction » de la valeur potentiellement liée à la disponibilité immédiate du « bien » que copie et diffusion numériques rendent possible.
Ne pas oublier l’exemple en économie de marché que la valeur d’une information réside souvent dans la disparité entre le savoir du vendeur (détenteur de l’information) et l’ignorance de l’acheteur.
Longtemps que je n’étais revenu sur ce billet.
@Hadrien
Le problème est que sur papier électronique, les productions en formats que vous souhaitez les standards (si tant est que ce soient les bons pour ce support) ne profitent pas de toutes les possibilités offertes aux mêmes formats sur PC. Et pire, ils ne permettent pas de tirer partie des subtilités de l’encre électronique.
J’en ai encore vu le résultat au Salon du Livre sur les readers qui disent adopter les « standards ». Les ouvrages en PDF, Mobipocket ou HTML simplifié sont souvent médiocres et pour longtemps, semble-t-il, car il faudra aussi attendre Flash pour le minimum d’interactivité (refusé par Steve Jobs sur l’iPhone, dit en passant, car mal adapté aux petites plates-formes).
Peut-être alors faut-il passer, comme pour PC ou les consoles, par des formats temporaires ou nouveaux, à condition que leurs éléments puissent être générés par des outils répandus type InDesign, et en leur adjoignant l’incontournable PDF, mais de bonne qualité, pour le tout-venant? De toutes façons, il n’y a pas le choix, les beaux projets n’attendent pas et leurs spécifications nécessitent de trouver des solutions que les « standards » ne proposent pas.
Pour qu’un marché se développe, il faut aussi et surtout que les auteurs, lecteurs et éditeurs aient envie du support qu’on leur propose. Je suis un ardent promoteur de l’encre électronique pour le livre, mais ce que j’ai vu aujourd’hui est loin d’être tentant.
@ Virginie
(Je précise bien que je ne parle que du papier électronique. Les productions sur Nintendo DS, par exemple, sont extraordinaires.)
Ce que je vois en général comme production ne tente ni les auteurs, ni les éditeurs, et je ne suis pas le seul à le dire! C’est négatif pour le développement de l’encre électronique, alors qu’elle permet beaucoup mieux. Je suis consterné par des réalisations d’ouvrages classiques qui sont magnifiques sur papier et même sur PC.
Ceci dit, vous avez raison à terme. Il faut des formats de masse, qu’ils soient propriétaires ou non (Nintendo est propriétaire, et ne dites pas qu’ePub, qui permet à Adobe de prendre sa dime au passage, ne l’est pas).
Mais aujourd’hui, ces standards n’existent pas. Et personne ne sait encore si PDF sera le meilleur format. Ce n’est pas le choix de grands industriels chinois et japonais comme Jinke ou Epson. PDF et Flash sont très gourmands et limités. Mobipocket est sans doute bien pour les anciennes générations de téléphone ou PDA, pas pour le papier, qu’il soit électronique ou non.
A l’occasion, je vous montrerai les spécifications de clients, et vous comprendrez pourquoi il faut sinon d’autres formats, au moins adapter fortement ceux existants.
@Bruno:
Je crois qu’il y a un peu de confusion dans tout ce que je peux lire la…
Virginie a raison d’ailleurs que ça dépend aussi de la production en elle-même.
Avec un XHTML tout bête, il serait tout à fait possible de respecter un très grand nombre de règles habituelles touchant à la mise en forme des textes, si les appareils disposaient de meilleurs moteurs de rendu.
Il ne faut pas tout mettre systématiquement sur le dos du format ou de la technologie d’affichage: pour les points qu’on aborde, une grosse partie dépend aussi du moteur de rendu affichant le texte. Les marges, l’espacement , les césures etc… Tout cela est indépendant du format dès lors qu’on est plus sur un format image.
Ensuite je ne comprend pas tout ce méli-mélo qui est fait entre l’EPUB, Flash et Adobe. Mettons les choses au clair: le standard EPUB n’a en aucun cas besoin de Flash pour fonctionner. Adobe a fait le choix d’un applicatif RIA basé sur leur technologie Flash pour les versions bureau, mais le lien s’arrête la.
Ensuite, tout comme l’OEB a été utilisé par Mobipocket et par Microsoft, l’EPUB aura des surcouches DRM différentes. Ils ne prennent leur dime au passage que si on souhaite utiliser leur solution DRM: c’est totalement indépendant du format en lui même. Le format n’a absolument rien de propriétaire: c’est la gestion des DRMs qui l’est.
Pour finir je ferais remarquer qu’on parle d’un standard de manière générale, mais en réalité c’est tout un ensemble de standards.
Il y a un standard sur:
– le conteneur
– la représentation des métadonnées
– le vocabulaire XHTML et CSS utilisé
– la représentation de la structuation du document
Pour ceux qui trouvent le vocabulaire XHTML inadapté à leurs besoins, il est tout à faire possible d’utiliser sa propre DTD. Mais dans ce cas la, il est demandé de mettre en secours une version du texte en XHTML aussi. Comme cela ça marche sur l’ensemble des lecteurs.
@ Hadrien
« le standard EPUB n’a en aucun cas besoin de Flash pour fonctionner. »
Ah bon:-) Mais sans Flash, pas d’interactivité et d’animation minimum, et pas d’audio dans la page. La stratégie d’Adobe pour l’interactivité et le rich média, c’est Flash. Sony travaille sur son intégration, mais il faut des ressources importantes qu’aucun reader n’offre à l’heure actuelle (l’encre d’e-ink ne le supporterait d’ailleurs pas, il faut passer aux encres plus rapides).
Alors, pour e-ink et les readers actuels, qu’une solution, LRF ou GPF, ou de la programmation en « dur ». Au risque de me répéter, si c’est pour faire du pdf ou prs dégradé sur les readers, quel intérêt?
@Bruno:
Et bien non pas du tout, d’ailleurs pour la liste des types MIME supportés: http://idpf.org/2007/ops/OPS_2.0_final_spec.html#Section1.3.7
Seulement, ce n’est pas limité à ces formats la (la liste précédente c’est les formats qui doivent obligatoirement être supportés), tout comme on peut utiliser un « out-of-line XML island » (cf http://idpf.org/2007/ops/OPS_2.0_final_spec.html#Section2.6.2 ), on peut aussi ajouter un support pour d’autres formats: http://idpf.org/2007/opf/OPF_2.0_final_spec.html#Section2.3.1.1
Encore une fois, il faut éviter de tout mélanger…
@ Hadrien
J’ai compris. Cela porte un nom: Cognitive dissonance… Vous parlez des spécifications de l’IPDF, éventuellement suivies dans le futur sur PC et sur quelques readers, moi je décris ce qui existe et ce que les principaux acteurs du papier électronique ont implémenté. Je connais bien l’IPDF (dont l’un des principaux architectes est parti, d’ailleurs), rien ne dit que leurs préconisations seront suivies.
@Bruno:
Adobe DE suit exactement ces spécifications (il n’y a qu’un ou deux pseudo-éléments CSS qu’ils ne supportent pas encore, et ils ont étendu le support de la notion de page avec du xpgt).
Aucun acteur, que ce soit Amazon, Sony, Bookeen ou iRex n’a l’intention de supporter du LRF ou du GPF dans le futur.
Le seul à avoir utilisé le LRF c’est Sony, et ils abandonnent cette ligne de développement en facteur de standards plutôt.
Il ne s’agit donc pas de “cognitive dissonance”, mais de faire la juste-part entre de la désinformation (“le soit-disant lien entre Flash et EPUB” ou faire croire aux gens que les formats LRF/GPF sont plus sophistiqués, alors qu’ils sont beaucoup plus basiques et propriétaires par dessus tout) et la réalité.
@Bruno :
Hadrien a parfaitement décrit la réalité (difficile de prendre en défaut son savoir, étayé par une documentation toujours à jour et les vérifications méthodiques qu’il mène sur les matériels et logiciels!).
J’ajouterais, vu les confusions réitérées dans cette discussion et d’autres lieux, qu’il est sans doute nécessaire désormais de faire un certain nombre de rappels didactiques (un bon sujet de séminaire pour Ganaxa/Tebaldo ?) sur le processus qui mène d’un fichier (préparé pour commander l’affichage, avec du texte dedans puisqu’il s’agit ici de livres) à l’affichage sur un écran pour comprendre quel industriel décide de quoi et à qui il est légitime de déléguer la rédaction de cahiers des charges fonctionnels.
Il est sans doute plus facile de partir de l’affichage et de parcourir à rebours le processus.
La restitution ‘physique’
On attend d’un « acteur du papier électronique », au sens propre du terme, qu’il dise combien d’éléments d’image (pixels) il est capable de gérer et comment il les répartit sur une surface donnée (la ‘définition’ ou, plus techniquement dit, ‘résolution’ en pixels par pouce carré en général), à quelle vitesse on peut changer l’état d’un pixel, combien de temps ça prend de (ré)générer un état de la matrice de pixels complète et comment on peut gérer noir et blanc (affichage binaire), nuances de gris ou couleur.
En gros, cela définit ce que la feuille de papier électronique va être capable de mettre sous les yeux d’un observateur à un moment donné, avec un ’empan de lecture’ donné (ce qui fixe la distance d’observation confortable pour regarder l’affichage), avec quel niveau de détail et si la vitesse de changement d’état permet d’utiliser la persistance des images rétiniennes pour afficher des images animées sur tout ou partie de la surface d’affichage.
Pour tirer parti des possibilités d’affichage du dispositif matériel ainsi constitué, notre ‘acteur du papier électronique’ va définir les composants électroniques du style ‘chipset graphique’ destinés à traduire une représentation informatique d’une image (quelque chose de visible — texte ou image proprement dite) en tensions électriques capables d’agir sur l’état de la feuille que sa feuille de papier « comprend ». En gros son rôle est d’“allumer/éteindre” les pixels aux bons endroits et au bon rythme…
A priori, le rôle — et l’intérêt — de notre ‘acteur du papier électronique’ doivent s’arrêter là. A d’autres de définir ce qu’ils peuvent et veulent faire du système. Plus il y aura d’usages, plus il aura de marchés…
Dessiner l’affichage
Le pilotage de la feuille de papier électronique est maintenant du ressort d’un industriel des ‘liseuses’ ou autres dispositifs d’interaction, qui va définir les images qu’il veut afficher et comment il organise la gestion des images à afficher et les libertés d’interaction qu’il propose aux usagers de son appareil. En fonction des ses décisions, il doit choisir le système de représentation informatique d’image adapté, ’embarquer’ la puissance informatique nécessaire et spécifier les informations qui doivent être incluses dans les fichiers de données reçus.
Autorise-t-il le zoom de l’affichage ? Il lui faut un programme de lissage des tracés adapté (anti-aliasing) — qui induit éventuellement des choix de représentations des caractères typographiques ou l’intégration d’un générateur de caractères et d’une typothèque.
Veut-il une recomposition dynamique du texte ? Il lui faut en plus un programme (‘moteur’) de composition capable de calculer les longueurs de lignes, donc de disposer des informations typographiques nécessaires (tables de chasse, crénages, dictionnaires de césure, …).
Veux-t-il conserver une pagination pour la navigation et les index, envisage-t-il en plus du texte sur plusieurs colonnes (ou du fenêtrage), l’habillage d’illustrations, etc. ? Le moteur de composition devra gérer la dimension ‘verticale’.
Et ainsi de suite…
Il me semble qu’à ce stade on ne peut proposer de laisser la création de standards aux fabricants de matériels sans intervention des professionnels de l’édition (arts graphiques et édition proprement dite) et un ré-examen soigneux des normes, standards et ‘moteurs’ disponibles.
Le DE qui nous intéresse n’est supporté par aucun reader à ce jour et ne répond pas aux spécifications de certains projets. La version prochaine sur Sony, éventuellement. Nous verrons. Il y aura incontestablement DE pour les éditions de base et d’autres formats pour d’autres spécifications. Le plus important alors. Comment fait-on avec les clients? Car là, on parle de vrais projets, qui nécessitent du multi colonne interactif avec trace de la navigation, de traitement différencié du texte et des illustrations, ou encore de césure et gestion des lignes orphelines. Jamais ces projets n’auraient été envisageables avec les seuls Mobipocket, PDF et HTML dégradés.
Je me permets de quitter cette discussion qui ne peut que continuer éventuellement de vive voix, avec des exemples concrets d’application. Car je comprends mal le ton. « faire croire aux gens que les formats LRF/GPF sont plus sophistiqués », non, je ne fais rien croire et je ne dis même pas cela, c’est une question de projet éditorial. Ce sont des formats mis au point par Canon (et encore utilisé par Sony tant que DE n’est pas bien supporté) et Ganaxa pour répondre à des spécifications auxquelles les autres ne répondent pas aujourd »hui. C’est tout. Demain peut-être, mais aujourd’hui non.
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