Donner c’est donner

If:book nous renvoie à un article du New York Times qui commente la décision du groupe d’édition américain HarperCollins de permettre un accès complet et gratuit en ligne à certains de ses livres :

« Dans l’optique d’augmenter les ventes de leurs livres, les éditeurs d’HarperCollins vont commencer à autoriser gratuitement l’accès  à la version électronique intégrale de certains de leurs livres sur leur site Web. Parmi ces livres un roman de Paulo Coelho (brrr… je sais qu’il rencontre un vif succès mais perso même gratuit j’en voudrais pas… – NdT), et un livre de recettes de Robert Irvine, une star de la cuisine (inconnue chez nous – ou bien ? – NdT).

L’idée est de donner aux lecteurs la possibilité de feuilleter et découvrir les livres en version numérique en ligne comme ils peuvent le faire dans une librairie avec les livres imprimés. »

Petit à petit, l’idée va-t-elle faire son chemin que l’accès gratuit au contenu complet d’un livre en ligne, plutôt que de les « canibaliser »,  a  un effet bénéfique sur les ventes de celui-ci ?

J’ai déjà cité l’exemple, repris par ce même article du NYT,  du livre “Diary of a Wimpy Kid” , publié intégralement sur un site gratuit et qui est ensuite resté 42 semaines dans la liste des best-sellers jeunesse du New York Times.

En France, les éditions La Découverte font le même pari avec la collection Zones, qui se réclame ouvertement de l’exemple des « lybers » proposés sur le site des éditions de l’Éclat, avec la mise à disposition du texte complet des ouvrages de la collection que l’on peut feuilleter intégralement en ligne.

Le New York Times mentionne également l’expérience menée par un auteur :

Neil Gamain, un auteur de romans, nouvelles et scénariste BD demande aux lecteurs de son blog de voter pour le titre qu’ils souhaitent voir choisi pour une diffusion intégrale et gratuite en version numérique. Une version électronique du livre qui aura remporté le plus de suffrages sera offerte gratuitement sur le site d’HarperCollins plus tard ce mois-ci. M. Gaiman a déclaré que l’effort n’était pas très différent de ce qui se pratique depuis des décennies.

« Je n’ai pas grandi en achetant tous les livres que j’ai lus », a dit M. Gaiman, d’origine anglaise, 47 ans. « Je lis des livres dans les bibliothèques, je lis des livres dans les maisons de mes amis, je lis les livres qui traînent sur les appuis de fenêtre des gens ». À l’occasion, ajoute-t-il, il les achète aussi lui-même, et il croit que les autres lecteurs le font aussi.

Moi non plus je n’ai pas acheté tous les livres que j’ai lus, loin s’en faut. Et ai-je lu tous les livres que j’ai acheté ? Non, bien sûr… Sinon, quand est-ce que je trouverais le temps de regarder des séries américaines ?

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3 réponses à Donner c’est donner

  1. Alain Pierrot dit :

    Un contre-point chez Martin Lessard, Donner pour vendre, et des remarques sur la socialisation induite par le « contenu » chez Jeff Gomez, à propos de la conférence TOC 2008.

    Comme le dit Clément Laberge en commentaire à « Donner pour vendre », on vit une époque intéressante pour l’édition.

  2. Aldus dit :

    Beaucoup de questions que soulèvent ton article, est-ce que tout pourrait être sous forme de lybers, avec un accès total du contenu ? Quand les éditions de l’Eclat ont crée le concept avec la mise en ligne conjointe avec Google, les supports électroniques mobiles iphone/ epaper n’existaient pas. Si le marché de ces supports se développent avec des prix au alentour de 100 euros (rappelons que l’Asus est à 199 euros avec une offre d’abonnement) voir moins et que les contenus mobiles deviennent accessibles gratuitement, est-ce que le papier en produit dérivé permettra la rémunération des auteurs et des éditeurs… Imaginons, il y a 50 ans, que nous ayons décidé que le livre de poche soit gratuit (ou payé par la publicité, ce qui revient au même), ou de qualité plus médiocre mais gratuit, où en serions-nous ? Je pense que le débat est tout à fait le même aujourd’hui. Quel chemin prendre pour maintenir la variété dans la création éditoriale ? Je pencherais plutôt pour des contenus peu chers, avec une RDM très légère liée à l’identité du lecteur. Préserverais à la fois du peer-to-peer et assurerais une juste rémunération du travail. Je pense que ce que n’ont pas réussi à faire les majors de la musique il y a 10 ans en adoptant pas ce système et en laissant se développer massivement le peer-to-peer, les éditeurs ont une chance historique de le réussir avec des drm très légères et des prix très intéressants (2 euros me semble un maximum, c’est le premier prix d’un livre de poche, non?). Autrement même chemin que la musique, dix ans à perdre pour un résultat identique, c’est une évidence pour moi. Si le peer-to-peer n’est pas un business « intéressant » (les FAI lui disent merci), il ne se fera pas ou restera très anecdotique, c’est pas plus compliqué que cela…

  3. Aldus dit :

    Je crois que si les producteurs de musique avaient bien plus vite offert de la musique en ligne à des prix très peu chers, ils n’auraient bien entendu pas enrayer le phénomène mais ils l’auraient dans une large mesure circonscrit. Et en plus, ils auraient crée leurs propres plateformes au lieu de courir constamment après le marché. Incapables d’anticiper. Et maintenant que le pli est pris ! Aujourd’hui tous les enfants de la classe de mon fils utilise http://www.limewire.fr/
    Bien sûr, il est facile de juger rétrospectivement. Une DRM légère et liée à l’identité, comme le suggère Milad Doueihi, est une bonne solution je pense. J’ai lu les discussions sur les forums américains au niveau de l’utilisation du Kindle, on n’est pas libre du tout de ce qu’on a acheté, voir Amazon peut nous le retirer…

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