C’est en tout cas ce qu’annonce If Books dans cet article. Il conclut, et on pourrait croire qu’il a mis quelques un des blogs de la french bouquinosphère dans son agrégateur :
« Je ne suis pas en train de dire que ça va être une grande année pour les auteurs. Les nouveaux medias vont nuire à leurs intérêts comme ils ont nuit à ceux des musiciens et à la guilde des scénaristes actuellement en grève. C’est l’année des auteurs, parce que ce sont eux qui vont effectuer le changement de paradigme. Ils vont pouvoir commencer à utiliser des outils de publication et de distribution en ligne en se passant des éditeurs traditionnels et mettre leurs oeuvres en circulation de façon massive. Ou bien ils vont refuser le modèle web du « donne-moi-ton -travail-pour-rien » et inventer ensemble de nouveaux modèles. Natalie Merchant* a choisi, (provisoirement, je l’espère) de revenir à la tradition des troubadours du business de la musique. ll sera intéressant d’observer quel sera le choix des auteurs lorsque la banquise de l’industrie de l’édition va commencer à fondre. »
*une chanteuse qui a déclaré qu’elle n’enregistrerait plus d’albums, « tant que l’industrie du disque n’aurait pas change de paradigme ».
Que ce soient les auteurs ou les éditeurs, dès qu’ils passent à l’action, ils se confrontent à des problèmes techniques. Dans le cadre de publie.net, François Bon teste et reteste, et suscite un débat sur la question des formats pour les livres électroniques.
Léo Scheer est lui confronté à la masse de textes qu’il reçoit pour m@nuscrits et à la nécessaire automatisation du processus de publication : coller une par une les pages à la main dans un fichier flash n’est pas la solution.
Expérimenter est une chose. Passer en production en est une autre. Mais ce passage, ainsi discuté publiquement sur les blogs des uns et des autres, se trouve démystifié.
L’édition électronique, comme si vous y étiez.
Je voudrais tenter pour vous ici de comprendre en quoi la gratuité pose un problème; pour les auteurs de textes internet : lorsque je me suis vu arrivé à devoir payer 7 euros pour un texte, fut-il de 88 pages, je me suis dit « c’est trop volatile » j’ai cessé la manoeuvre; maintenant, j’ai commandé un livre d’une amie, que je vais payer 24 euros, plus de 3 fois plus, il restera dans ma bibliothèque, quand je voudrais le relire, il sera là; pour l’autre, mon ordinateur est en panne,ça tombe bien, la grande enseigne où je l’achetai il y a dix huit mois m’en offre un autre mais sans logiciel et sans récupération de mes données (je n’avais qu’à les sauvegarder : ce que je fis moyennant l’achat dans cette grende surface d’une archive, un demi teraoctet à 120 euros qui dit mieux ?): qu’en pensez-vous ?
c’est toute la différence, alors on va dans le « mood » et on continue de changer nos machines tous les trois ans, parce qu’elles sont amorties ? Qu’est-ce qu’on fait ?
Quel est votre statut fiscal ?
Moi, véritablement, je suis pour les initiatives, publie.net je trouve que c’est nécessaire, sans doute : mais en même temps, quels sont les comptes à rendre à qui ? C’est ça qui émeut; évidemment, « il faut y aller » mais est-ce que cette maxime n’est pas actuelle pour tous les marchands de meubles, vins, jeux sexuels, médicaments, journaux revues dvd et autres consommables ? que demande un auteur, sinon d’être lu ? de vivre de son travail : combien sont-ils ?
on peut tenter le parallèle avec le cinéma où le prix du billet est partagé avec des fonds de soutien : qu’en est-il pour les enseignes plus ou moins pirates ? évidemment que l’Etat est garant des comptes du CNC, et alors qu’en est-il des comptes des éditeurs ? comment comptent-ils leurs « à-valoir » ? Comment rentabilisent-ils leurs parutions ?
Mais aussi :
et les photographes, sculpteurs, peintres, cinéastes qui en vivent ? et d’autres encore tandis que le manequin, le coiffeur le plombier le mécanicien dentiste médecin ?
il se trouve simplement -encore que ce simple doive s’éclaircir évidemment – que notre monde ne veut pas reconnaître ce travail et préfère salarier les delarue cauet nagui dechavannes et autres drucker avec des chèques à 7 chiffres pour leurs travaux. Il se trouve simplement aussi que certains chanteurs vendent des disques ou des musiques sur internet, et que d’autres non point. Il se trouve que pour changer le monde, il n’st pas certain que nous ayons besoin des gens assis, et de ceux qui déjà y ont une place : il en est ainsi, aussi, dans le domaine de l’énergie que je connais un peu : croyez-vous plausible de demander à shell, esso, ou bp de donner une part de leurs profits pour améliorer les dividendes reçus par ceux qui ont investi dans les éoliennes, puits de carbone, géothermies ou photovoltaiques ? je crains qu’ils ne suivent pas vraiment le mouvement…
Bon, alors une fédération d’auteurs internet, pourquoi pas ? un syndicat d’écrivains virtuels ou du virtuel, ou n’importe quoi d’autre, aussi bien, mais il me semble qu’il faut une union pour que les choses avancent dans le sens que nous appelons de nos voeux -nous car je suis avec vous évidemment, et je remercie les f bon, p didion, p de jonckeere, et autres mélico, teXtes évidemment, tous les auteurs de nouvelles vues de leur propre fenêtre, remise, lucarne, pour nous faire partager leurs émois… : mais ce sens-là, pour le moment, et à mon niveau, modeste mais vigilant cependant, reste assez opaque. Sans doute parce que je ne suis pas un auteur…
Mike Shatzkin présente dans Publishers Weekly (et repris sur Par-delà), les quinze tendances à observer en 2008 et il pense également que nous entrons dans l’année des auteurs. L’idée d’un changment de paradigme par les auteurs me séduit particulièrement. Cela pourrait d’ailleurs être un intéressant levier pour inciter les éditeurs à développer leur activité numérique.
Intéressant cette question de la volatilité des contenus numériques. Je pense qu’on ne la creuse jamais assez. Pourtant, chacun de nous sait qu’on perd plus qu’on ne conserve. A chaque changement d’ordinateur, que conserve-t-on d’un outil l’autre ?
Deux réponses à cela. Soit on fait comme Amazon qui vous permet d’accéder au texte en ligne d’un contenu acheté chez eux (papier ou numérique d’ailleurs). Votre bibliothèque est toujours accessible depuis votre libraire. Il est le garant de votre achat. L’écueil c’est la dissémination de votre bibliothèque chez plusieurs libraires (et bien sûr, le manque d’interopérabilité entre eux) qui finit par rendre difficile de retrouver tel titre acheté chez untel.
Soit on diminue le prix de vente jusqu’à ce que la perte n’ait plus d’importance : à 5 centimes ou 2 euros le livre, qu’importe si je le perds, je le rachèterais demain si j’en ai besoin…
Incontestablement, cela montre que l’objet a une autre valeur pécuniaire que – oserais-je dire – le non objet ; tout en gardant une valeur affective forte (on veut le garder, le retrouver…).
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