Pendant ce temps-là

Pendant que je me promenais dans le MQ (Museums Quartier) de Vienne, une discussion intéressante sur Nouvolivr’actu. Plusieurs questions concernant le statut du texte électronique y sont soulevées : la TVA (actuellement 19,6% pour un eBook contre 5.5% pour un livre imprimé), le dépôt légal et l’ISBN, le droit d’auteur applicable selon que l’on est dans le cas d’un ouvrage faisant déjà l’objet d’un contrat d’édtion pour sa version papier ou d’une première publication. François Bon qui lance publie.net est directement confronté à ces questions.

La TVA à 19,6%, les quelques auteurs et éditeurs qui ont vécu l’aventure du cédérom l’ont découverte dès les années 90. Mais un cédérom pouvait sans problème disposer d’un ISBN : c’était rassurant, le cédérom, du numérique, certes, mais inscrit sur un support, identifiable, stocké et distribué, quelque chose d’assez proche du livre, finalement. On pouvait même espérer le protéger (souvenons-nous des protections hard de l’Encyclopédie Universalis sur cédérom, qui ne fonctionnait que si on enfonçait une clé SCSI dans l’entrée du même nom de l’ordinateur…)
L’approche juridique des questions liées au numérique est toujours intéressante, car elle oblige à poser des définitions, et à se référer aux textes antérieurs. On l’a vu avec l’industrie du disque : la reproductibilité sans perte de qualité et sans effort d’un fichier numérique aboutit à des changements dans les représentations et dans les pratiques d’acquisition, d’échange, de partage. Les modèles juridiques et économiques seront nécessairement revisités. Tout ceux qui inaugurent dans ce monde qui s’invente font les frais de cette transition : ils doivent tâtonner, ils épongent les plâtres, mais il est possible aussi qu’ils inventent des modèles dont certains sauront s’imposer. À suivre…

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3 réponses à Pendant ce temps-là

  1. F dit :

    très fort, ton analyse sur blog Lorenzo (si tu permets, je le remets ici en fin de commentaire, je le retrouverai plus facilement quand j’aurai besoin de relire!) – cette question des infrastructures en tout cas c’est central et rarement analysé ? – sur ces histoires de TVA, à débroussailler un peu l’écheveau administratif pour la petite goutte d’eau virtuelle qui me concerne, ce qui est surtout hallucinant c’est la façon dont la globalité du e-commerce, y compris culturel, s’est déjà installée hors frontière : dans ce contexte de dissuasion généralisée, le résultat c’est nettoyage par le vide – du coup les questions juridiques sur droits d’auteur, protection, patrimoine n’ont même plus de sens, c’est une perte dont je ne sais pas si elle est encore réversible ? – on n’entend jamais personne d’officiel (rien dans « livre 2010 ») ni même de bnf ou d’imec ou bpi sur ces questions : or, la question n’est plus celle d’un « transfert » de l’économie du livre dans le numérique, c’était cela aussi la réponse de Lorenzo et notre solide accord, mais d’une économie culturelle « nativement » numérique – allez, je retourne à mes plâtres ! (en l’occurrence : maquette de téléchargement pour les iPhone et autres baladeurs)

    intervention VC sur blog nouvolivr’actu (pour mémoire) :

    Bonne année à vous aussi Lorenzo. Il me semble vous avoir déjà entendu me parler de cette comparaison avec les chemins de fer, un jour que vous affirmiez que dans dix ans, le livre électronique aurait remplacé le livre imprimé et que je manifestais quelques doutes à ce sujet. Certes le chemin de fer a remplacé la diligence. Cela ne s’est pas fait en deux ans, tout d’abord. Et si on veut préciser l’analogie, que sont les chemins de fer et les réseaux de diligences ? Des infrastructures, avec des modalités techniques bien spécifiques. Ce qui peut se comparer à cela, c’est bien plus la mise en place d’internet, d’une infrastructure basée sur un faisceau de technologies, que la seule question du livre imprimé face au livre électronique. Ensuite, d’autres mieux que moi ont essayé de penser les conséquences de la disponibilité de ce réseau numérique mondial, ont parlé d’un « âge de l’accès », ont réfléchi sur les comportements des digital natives comparés à ceux des digital immigrants. Il est indéniable que le livre se trouve pris dans cette histoire-là, interrogé et bousculé, et je ne dis pas qu’il va rester à l’écart, protégé par l’attachement que les gens lui portent. Je pense simplement peu probable qu’il disparaisse purement et simplement, tout comme je pense que des nouvelles formes de relation avec le savoir et la connaissance se développent, en particulier un rapport très différent des nouvelles générations aux images animées et au son, que le livre imprimé ne peut accueillir. Ensuite, ce qui migrera, comment, sur quel type de support, à quelle vitesse ? Il y a là des batailles industrielles, technologiques, commerciales… Partir trop vite, trop fort et trop tôt peut s’avérer une erreur et mener à des flops. Ne pas bouger est catastrophique. Le tout, c’est de bouger au bon moment et dans la bonne direction…

  2. Alain Pierrot dit :

    À propos d’infrastructures, il me semble que l’interview de Nicolas Chung (Chef de projet « nouveaux services numériques » à la Caisse des Dépôts) préalable aux entretiens d’Autrans (9 au 11 janvier 2008) mérite mention et lecture.
    Voici sa conclusion :

    Enfin, pour anticiper et imaginer les futurs services publics en ligne, il est essentiel que les acteurs publics prennent en compte les nouveaux usages personnels et communautaires des internautes français : messageries instantanées (MDN Live Messanger, Skype, Google talk), espaces personnalisables (Blog, Netvibe, flux Rss), applications web 2.0 qui agrègent du texte, des photos et des vidéos (Facebook, Flickr), univers persistants (Second Life), etc.

    Examiner dans les fonctions «2.0» mises en usage, personnellement et en communauté, qui devraient être considérées comme des infrastructures, et garanties par les acteurs publics prend de l’actualité.
    À discuter ici, à Autrans (quelqu’un y va ?), ailleurs ?

  3. Alain Pierrot dit :

    celles qui devraient être considérées…
    Désolé!

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